Cardiopad, une invention médicale d’un jeune Camerounais

 

Le CardioPad, la première tablette médicale «made in Africa» est un outil qui permet de mesurer les données physiologiques du cœur puis de les transmettre à un cardiologue. La conception de cet appareil a été imaginée en 2009 par Arthur ZANG, un jeune Camerounais qui a aujourd’hui 30 ans. Une invention qui vient sauver de nombreuses vies en Afrique en général et au Cameroun en particulier, un pays qui compte moins de 50 cardiologues pour 20 millions d’habitants. Zoom sur une invention qui élève l’Afrique et valorise sa Jeunesse.

 

Conçue pour sauver des vies

En matière d’innovation, cette tablette médicale représente ce qu’il y a de mieux en Afrique. Elle vient répondre à un grand besoin et permet de sauver les vies des populations les plus démunies d’Afrique et surtout du Cameroun.

Arthur ZANG, alors étudiant en ingénierie informatique à l’École polytechnique de Yaoundé en 2009, pense à la création de cet engin. Le déclic part de sa rencontre avec le Professeur Samuel KINGUE, éminent cardiologue, qui lui présente, au cours d’un échange, l’ampleur du problème lié aux maladies cardio-vasculaires dans les pays en voie de développement. Pour ce Jeune Camerounais, il fallait passer à l’action et ne pas forcément attendre que la solution vienne de l’Occident. Il fallait trouver le moyen de pallier ce problème.

Le Cameroun, son pays, compte seulement 50 cardiologues pour une population de 20 millions d’habitants. On comprend aisément que l’accès aux traitements des maladies cardio-vasculaires est très difficile. Le taux de mortalité lié aux maladies cardio-vasculaires en Afrique centrale est de ce fait très élevé (22% selon l’OMS).

Dans sa quête de solutions, il lui vient à l’idée de créer une tablette électronique spécialisée qui permettra à toute la population de se faire diagnostiquer, de se traiter à moindre coût et à distance. Cette tablette, par son principe et sa technologie vient donc révolutionner et améliorer le domaine de la cardiologie en Afrique.

À première vue, ce n’est qu’un simple appareil. Son allure cache des capacités techniques bien au-delà de ce qu’on peut imaginer. La tablette Cardiopad enregistre les fréquences cardiaques du malade (captées par un terminal spécialement conçu) et les fait transiter vers des serveurs, où elles sont stockées et traitées avant d’être transmises au cardiologue via le réseau GSM. Le spécialiste détient aussi un Cardiopad, sur lequel il reçoit les résultats, les interprète et prescrit une médication.

Cette initiative vient résoudre l’épineux problème de l’inaccessibilité des populations aux soins cardiologiques dû à la distance de leur habitat des grandes villes. Elles peuvent désormais se faire diagnostiquer, sans avoir à forcément se déplacer jusque chez le cardiologue en ville.

 

Un projet social aux multiples distinctions

Pour Arthur ZANG, cette tablette médicale marque le début d’une nouvelle ère pour les soins cardiaques en Afrique. L’objectif en créant le Cardiopad est clair dans sa tête, «Le CardioPad permettra de réduire le coût de l’examen. Nous avons l’intention de vendre l’appareil à 1500 euros (975 000 FCFA), alors que le prix courant d’un dispositif d’électrocardiographe est de 3800 euros. Si les hôpitaux achètent l’appareil à bas prix, ils seront en mesure de faire baisser les prix des examens médicaux.» confie Arthur ZANG. Pour mieux se structurer, Arthur a créé Himore Médicale, la startup à travers laquelle le Cardiopad se développe et se commercialise.

Le parcours n’a pas du tout été un long fleuve tranquille. Il lui a fallu beaucoup de hargne et de courage pour réaliser ce rêve. L’une des difficultés majeures était le manque de moyens financiers. «J’ai demandé à ma mère infirmière de solliciter un prêt à la banque. J’ai également envoyé mon schéma électronique à Microsoft dans le cadre d’Imagine Cup, ce qui a permis de qualifier mon projet pour la finale régionale.» Confie-t-il au webzine Paris Match.

Cette option lui permit de rassembler les composants nécessaires. L’entrepreneur publie ensuite une vidéo sur YouTube expliquant le fonctionnement du cardiopad. Le succès est total. Cette vidéo lui permettra de faire connaitre son invention au monde entier et surtout à la présidence de la République Camerounaise. Il reçoit 20 millions de FCFA du président Paul BIYA. Cette somme lui permet de poursuivre ses recherches et de fabriquer les premiers spécimens.

Son projet est alors proposé pour le Rolex Awards en 2014 où il termine premier dans la catégorie ”Applied technology”, devant 1 800 autres concurrents avec 48 000 euros comme récompense. Il bénéficie également d’un accompagnement qui lui permet de passer à la vitesse supérieure. Il soumet par la suite son projet à la plateforme de crowdfunding Indiegogo pour financer la production industrielle. Le projet obtient 8 800 euros. Une centaine de Cardiopad ont été créées et commercialisées en mars 2015.

Pour le Jeune entrepreneur, c’est une joie et surtout une raison de plus de croire en cette Afrique qui innove, «Très souvent, les produits conçus par les Africains sont boudés au détriment des produits Européens. Il me fallait prouver au monde entier que les ingénieurs Camerounais en particulier, et Africains en général, ont autant de talents que ceux de l’Occident.» A-t-il confié à un organe de presse.

Pour lui, si l’Afrique a beaucoup d’intelligence, elle est aussi confrontée à des maux qui l’empêchent de progresser constamment, notamment la corruption et l’absence d’investissement dans le domaine scientifique, «Tant qu’on ne comprendra pas qu’être chercheur est un boulot à plein temps et que la recherche est un domaine nécessaire et non pas optionnel, le continent Africain ne se développera pas. Si chercheurs et hommes politiques ne parviennent pas à s’accorder sur ce sujet, la croissance sera factice.»

Arthur ZANG ne compte pas s’arrêter si tôt. Prochain projet, permettre une échographie à distance, et ce, par tablette interposée. Une chose, est certaine, avec de tels projets, L’Afrique est sur la bonne voie.

 

Audrey DJANHOUN

About Yannick DJANHOUN

Yannick DJANHOUN, aussi appelé Mister Colombo, est un Journaliste ivoirien. Actuellement Rédacteur en Chef de Tomorrow Magazine, Yannick est un passionné de la Jeunesse Africaine. Sa plume, il l'a met au service de la promotion du Leadership de celle-ci.

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