Daraja HAÏDARA, Jeunesse africaine la force de la Solidarité

Daraja HAÏDARA

Daraja HAÏDARA. En 2019, selon les chiffres de la Banque mondiale, le Mali comptait un taux de pauvreté de 42,7 %… Malgré ces résultats alarmants, une chose donne à espérer : le génie et le dynamisme de sa Jeunesse. Il suffit de faire un tour à Bamako pour se rendre compte que cette celle-ci, malgré́ la rudesse du quotidien, s’emploie à redonner des couleurs à sa Nation. Art, culture, sport, politique, actions humanitaires, société́ civile, les Jeunes investissent tous les secteurs, parce que le Mali doit se dresser fièrement et avancer. Une jeune femme fait partie de cette génération de Maliens qui n’ont pas connu les années de l’indépendance, mais qui savent la valeur de la liberté. Daraja HAÏDARA, à l’instar de plusieurs autres Jeunes Maliens, se bat pour accorder cette liberté à son peuple, surtout aux enfants défavorisés. Voici son histoire racontée dans Tomorrow Magazine.

Présente à Accra avec une dizaine d’autres Jeunes leaders africains, Daraja s’apprête à participer à une soirée de remise de distinctions. Il s’agit des prix Africa 3535. L’équipe de Tomorrow Magazine s’y est rendue pour la couverture. Daraja porte un vêtement à motifs de pagne. Elle arbore, durant toute la soirée, un large sourire. Nous l’approchons et échangeons quelques mots avec elle. Elle nous parle du Mali et des actions qu’elle y mène. D’ailleurs, si elle se trouve à Accra à ce moment-là, c’est parce qu’elle a été sélectionnée pour figurer dans le classement des 35 meilleurs jeunes leaders de l’Afrique de 2019. Ce soir-là, dans un grand hôtel d’Accra, ces 35 Jeunes Leaders reçoivent tous une récompense, mais une seule reçoit le Grand Prix et c’est Daraja HAÏDARA. Ses premiers mots, en recevant son trophée, s’adressent à tous les enfants livrés à la pauvreté́.

L’amour familial aide à grandir

Daraja HAÏDARA est la dernière-née d’une fratrie de cinq enfants. Son enfance, elle la passe à Bamako, la capitale malienne. Auprès de Maman et Papa, elle apprend à devenir une femme forte, serviable et ambitieuse. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est avec Papa qu’elle apprend à devenir femme : « Papa était très attentionné. Il suivait attentivement ma scolarité et m’emmenait chez la coiffeuse pour me faire belle. Après, il me couvrait de doux compliments. » Nous confie-t-elle, l’air nostalgique.

L’influence de son père sur sa vie est visiblement profond. Même à la cuisine, c’est lui qui l’inspirait : « Il m’encourageait à suivre des émissions culinaires, dont je reproduisais les menus après. Je dirais que c’est Papa qui m’a le plus initiée à la cuisine. »

Monsieur Haïdara veillait scrupuleusement aussi à la vie spirituelle de sa benjamine.
Pour sa mère, notre muse résume ainsi la relation entre elle et cette dernière : « Ma mère était très rigoureuse, mais protectrice et aimante. »

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Adolescente timide et introvertie, Daraja HAÏDARA apprend à s’exprimer et à extérioriser ses sentiments en intégrant des associations de Jeunes. Elle y fait de belles rencontres. À ce moment, elle fréquente le célèbre Lycée classique de Bamako.

L’adolescente rêve de devenir journaliste. Elle admire ces journalistes qui apparaissent sur le petit écran de Papa : « Dans mon adolescence, j’aspirais à devenir journaliste. Cette volonté m’a d’ailleurs poussée à choisir une filière de communication à l’université. » Nous confie-t-elle. Mais dans le fond, notre demoiselle aspire surtout à la liberté professionnelle. « J’aspirais à être professionnellement indépendante, c’est-à-dire à travailler à mon propre compte. » Mais que faire ? Daraja trouve des réponses claires grâce à tous ces voyages qu’elle effectue dans le monde : « Heureusement, grâce à mes multiples voyages et à ces nombreuses rencontres que j’ai faites, j’ai enfin pu identifier le secteur dans lequel je devais investir. » Nous révèle-t-elle.

Ce désir d’indépendance lui permet de devenir en 2016 la promotrice d’une coopérative agricole appelée ZoulfAgri. Celle-ci est spécialisée dans la production de produits maraîchers. Trois ans plus tard, Daraja lance au Mali une entreprise de commerce générale dénommée DH-Distribution. Son ambition, en faire l’une des plus grandes entreprises de son pays. Même si Daraja mène les affaires avec dextérité, ce n’est pas ce qui nous intéresse principalement dans le parcours de celle-ci. Al Barka, son ONG et ses actions sociales, voici ce qui a le plus attiré notre attention.

Moussa et Ba Doumbia, à la base d’Al-Barka

Lorsqu’elle parle du Mali, son pays, Daraja HAÏDARA s’exprime avec tant de passion. Un sourire illumine son visage, pendant qu’elle nous décrit, d’une manière exquise et particulière, le pays du Diatiguiya : « Ma patrie, le Mali, est un pays très accueillant et hospitalier. Le Mali est un pays riche avec une histoire incroyable, un présent turbulent et un futur très prometteur. C’est un endroit qu’il faut impérativement visiter. » Déclare-t-elle.

Daraja porte dans son cœur le désir de servir son peuple. Elle caresse l’ambition de servir le Mali au plus haut niveau. Mais avant d’atteindre le sommet, elle ne reste pas les bras croisés.

Al Barka, son ONG, compte parmi les plus actives du pays. L’histoire de cette ONG démarre en 2010. Dans un marché de la capitale malienne, Daraja, encore étudiante, croise pour la première fois la route de Moussa et de sa sœur Ba Doumbia. Ces deux enfants vendent des condiments et invitent notre jeune héroïne à en acheter, ce qu’elle fait de bon cœur. Quelques jours plus tard, elle croise encore le chemin de ses nouveaux amis. Ce sera désormais ainsi chaque fois qu’elle se rendra au marché. Un matin, Daraja pousse plus loin sa curiosité et cherche à en savoir un peu plus sur Moussa et Ba : « Je leur ai demandé s’ils fréquentaient une école. Ils m’ont répondu par la négative, mais m’ont assurée qu’ils le voudraient bien s’il leur était permis d’y aller. » Les deux enfants proposent à Daraja de rencontrer leur mère qui vend elle aussi des condiments au marché. « Elle m’a expliqué que ses enfants ne partaient pas à l’école à cause du manque de moyens financiers. » Nous précise Daraja.

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La jeune dame est plus ou moins informée qu’au Mali, des milliers d’enfants sont privés de l’école à cause de l’indigence de leurs parents. Mais là, elle vient de constater des cas concrets. Elle a de la peine pour ses deux amis et est choquée à l’idée que de nombreux autres enfants, pourtant intelligents, ne peuvent jouir de l’éducation scolaire. « Pour moi, c’est important que ces enfants, à l’instar de tous les enfants du Mali, partent à l’école. » Déclare-t-elle, l’air désolé.

Une semaine après cette rencontre, Daraja HAÏDARA reçoit son argent de poche et le divise en deux pour en faire don à la maman de ses amis. Elle lui propose de les scolariser. La mère de ces deux courageux enfants est agréablement surprise. Elle n’avait jamais imaginé qu’une personne, par solidarité, poserait un tel geste. Daraja décide de l’aider aussi dans les courses.

Au cours de l’inscription, les deux femmes sont confrontées à un problème de disponibilité des extraits d’acte de naissance de Moussa et de Ba. Ils n’en ont pas. Daraja s’arrache les cheveux pour leur établir à chacun ce document important : « J’ai fait les démarches nécessaires pour la délivrance de leurs extraits d’acte de naissance. Tout ceci a été reçu avec beaucoup de gratitude. » Dit-t-elle avec fierté.

Suite à cette expérience, La jeune fille se promet d’aider, selon les moyens que Dieu mettrait à sa disposition, davantage de personnes vivant ce type de difficultés : « J’ai décidé de créer une association pour sensibiliser les autorités et la population sur la nécessité de l’éducation des enfants. »

Al Barka ambitionne d’avoir des centres de formations professionnelles dans la capitale du Mali et dans toutes les régions du pays, pour permettre aux Jeunes et aux femmes d’apprendre un métier, afin de créer des emplois directs.

Mais avant d’en arriver à ces réalisations, les missions actuelles de l’ONG sont de recenser les enfants démunis à travers les villes du Mali et de leur apporter une assistance; d’entreprendre auprès des autorités communales, les démarches nécessaires pour l’établissement d’extraits d’acte de naissance de ceux-ci ; d’appuyer leur scolarisation, au moyen de leur inscription à l’école et en leur accordant des kits scolaires ; d’offrir également une assistance médicale aux personnes âgées et de mener des campagnes de sensibilisation en milieu rural sur des sujets d’intérêt communautaire, comme l’hygiène, l’assainissement, les IST, etc.

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Pour Daraja, la manifestation d’une solidarité forte peut aider le continent à sortir la tête de l’eau. Et d’après elle, pas question de rester dans un bureau climatisé pour coordonner les activités. « Pour mener à bien ses activités, Al Barka privilégie les contacts directs avec les personnes concernées (enfants de la rue, personnes en situation difficile, personnes âgées, etc.), à travers des visites de terrain dans la plus grande discrétion. » Aujourd’hui, ce sont plusieurs centaines de personnes qui ont bénéficié des actions de l’ONG de Daraja HAÏDARA et de son armée de bénévoles. Les autorités politiques, coutumières et religieuses de son pays reconnaissent son dynamisme et la soutiennent de plus en plus.

Jeunesse africaine, armons-nous de courage !

Daraja est persuadée que l’Afrique a un avenir radieux devant elle. Mais il faudra d’abord que chaque Africain accepte de faire sa part en se mettant au service de sa communauté. Il y a du travail à accomplir. « Si nous arrivons à instaurer une bonne gouvernance dans nos pays et à ériger des institutions fortes, tout ira pour le mieux. » Nous déclare t-elle avec optimisme. À cette solution, elle en ajoutera une autre, tournée vers l’école : « Il ne faudra pas oublier d’établir un système d’éducation adéquat et convenable aux réalités de l’Afrique. Cela, j’en suis plus que certaine, contribuera à l’émergence du continent africain. »

Lorsqu’on lui demande d’adresser un message à la Jeunesse africaine, il résonne comme un appel au combat. « La vie est un combat et moi je dirais que la vie est un perpétuel combat que nous sommes condamnés à gagner.» Lance-t-elle. Daraja demande à toute la Jeunesse africaine de croire en ses choix et de s’armer de persévérance pour illuminer l’Afrique.

Demain sera meilleur…

 

Yannick DJANHOUN

About Yannick DJANHOUN

Yannick DJANHOUN, aussi appelé Mister Colombo, est un Journaliste ivoirien. Actuellement Rédacteur en Chef de Tomorrow Magazine, Yannick est un passionné de la Jeunesse Africaine. Sa plume, il l'a met au service de la promotion du Leadership de celle-ci.

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