Estelle Tra Guieka : Les mannequins ivoiriens méritent de vivre décemment

Guieka

Estelle TRA, aussi appelée Esprit Guieka dans son secteur d’activité en Côte d’Ivoire, est une passionnée inconditionnelle de la mode et de l’art. Cette Jeune dame est dotée d’une audace exemplaire. Dans les lignes qui suivent, vous aurez le plaisir de la découvrir. Interview.

Tomorrow Magazine : Qui est Estelle TRA ?

Estelle TRA est une Jeune femme qui se sent belle et libre de rêver à un avenir radieux. C’est une femme qui adore la musique et qui la pratique dans toute sa splendeur. Je suis donc artiste chanteuse et ma musique trouve toute son originalité dans l’érotisme féminin. J’ai à mon actif une œuvre versée dans le Jazz d’un genre spécial. C’est un Jazz qui se veut sensuel si je peux me permettre de m’exprimer ainsi. L’objectif que je vise en faisant ce type de musique, c’est d’exprimer toute la beauté physique de la femme et d’exalter sa sensualité. C’est vrai qu’en Afrique, ça passe difficilement, mais j’estime qu’on doit pouvoir libérer les esprits et oser parler de sujets aussi importants que le corps de la femme. Je veux que toutes les femmes se sentent belles. Jeunes, vielles, rondes, minces, toutes doivent assumer leur féminité et leur sensualité. Ce n’est nullement un appelle à la vulgarité, mais c’est de dire à la femme qu’elle est belle, sexy et sensuelle.

TM : Est-ce que ce que vous proposez est accepté ici en Côte d’Ivoire ?

ET : Non pas du tout et c’est dommage. Beaucoup de personnes me disent que ce n’est pas encore le moment de développer ce genre de pensée ici. Mais moi je dis qu’il n’y a jamais de moment propice, pour clamer sa fierté d’être ce qu’on est.

TM : Tu te fais aussi appeler Guieka. Pourquoi ?

ET : Guieka, c’est le nom de ma défunte grand-mère. C’était une merveilleuse chanteuse traditionnelle qui n’a malheureusement pas pu faire montre de son talent à toute la Côte d’Ivoire. C’était une femme passionnée qui vivait à fond son art. A ma naissance, mes parents ont décidé de lui rendre hommage en me baptisant Guieka. C’est vrai qu’au départ, en grandissant, je n’aimais pas qu’on m’appelle ainsi, mais je l’ai accepté naturellement après.

Estelle Tra Guieka est donc une fusion de deux esprits d’artistes traditionnels et modernes. Sur Facebook, vous me trouverez sous l’appellation : Estraespritguieka

TM : Faites-vous seulement de la musique ?

ET : Non, je fais aussi de la peinture, des dessins, de la sculpture, des écrits artistiques, etc. La passion de la peinture me permet de sortir de mon esprit une image, une pensée, un message que je veux partager au reste du monde. J’entrevois d’ailleurs de faire très prochainement des expositions d’œuvres d’art, faites par moi-même. Mon objectif, c’est de faire vivre l’art dans toute son originalité.

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Mais il est important aussi de savoir qu’avant de devenir artiste, j’étais mannequin. Le mannequinat est une passion que j’ai depuis l’enfance. Je ne ratais aucune occasion pour suivre Tendance, la célèbre émission de mode, autrefois diffusée à la télévision nationale. J’étais obnubilée en voyant ces belles dames qui marchaient avec assurance sur les podiums lors des défilés de mode. Je m’étais promise que j’allais en faire mon métier. C’est en 2014 que j’ai fait mes premiers pas dans le milieu de la mode et j’ai eu l’honneur de rencontrer de grands noms du secteur comme Pathé’O, Ciss Saint Moïse, Ousmane Doumbia, qui m’ont encouragé à intégrer une école de formation en mannequinat. Le but, c’était de me donner toutes les chances de devenir une professionnelle accomplie.

C’est en étant dans le milieu que je me suis rendu compte, qu’il y avait un grand désordre. J’ai moi-même rencontré des difficultés dans la pratique de cette profession. Par passion, je tiens le coup et j’ai de grandes ambitions.

TM : Quelles étaient ces énormes difficultés que vous évoquiez ?

ET : Les promoteurs de défilé de mode ne payent pas bien les acteurs du secteur. Vous savez lorsqu’une personne veut vivre de sa passion, elle accepte de consentir beaucoup de sacrifices. Mais à un moment donné, il faut savoir dire stop. En 2017, j’ai pris la décision de dénoncer publiquement le traitement précaire que subissent les mannequins en Côte d’Ivoire. Cela a fait grand bruit sur les réseaux sociaux et a menacé ma carrière. Mais il fallait le faire.

Une expérience m’a choqué. J’avais été recrutée pour participer à un très grand défilé de mode, sponsorisé par de grands partenaires. Je m’attendais à recevoir un cachet noble et respectable, mais je n’ose même pas vous dire la somme que j’ai reçu après le défilé. Pourtant, avant cet événement, c’est nous-mêmes, mannequins, qui payions le transport et effectuons les courses avec nos propres moyens. On rentre tardivement très souvent à la maison, on risque nos vies et ce que nous récoltons, c’est du mépris.

Le combat que je mène depuis quelques années n’a pas encore porté ses fruits, puisque les mauvais traitements continuent, mais je continuerai de me battre et de faire entendre ma voix. Les mannequins en Côte d’Ivoire et en Afrique méritent de vivre décemment comme ceux des autres continents. Je ne me bats pas pour ma génération, mais je le fais pour la future génération de mannequins. Il faut arrêter de briser le rêve de ces jeunes qui aspirent à représenter aussi la Côte d’Ivoire à l’étranger.

Guieka

TM : Quels sont vos projets actuellement ?

ET : Tous mes projets vont dans le sens de la promotion et de la valorisation de la tradition africaine dans cette ère moderne. J’ai lancé ma marque de vêtement dénommée Esprit Guieka. Cette marque vise à valoriser nos matières traditionnelles dans le prêt-à-porter. Nous confectionner des tenues traditionnelles que nous essayons d’adapter à l’ère du modernisme.  J’ai aussi pour ambition de promouvoir les artistes africains, en leur assurant une visibilité.

Aujourd’hui, Esprit Guieka se charge de mettre en avant des mannequins et Artistes Africains sur le plan nationale et internationale, afin de les guider dans le professionnalisme absolu et leur permettre de vivre de leur passion. Je prévois l’organisation de grands événements, avec pour objectif d’exprimer ma passion pour la tradition africaine et pour faire revivre les grands esprits africains, éveilleurs de conscience. Il ne faut absolument pas que nous perdions nos valeurs ancestrales.

Par ailleurs, je viens de lancer une académie de formation en mannequinat, parce que, comme je l’ai dit, mon ambition c’est d’apporter du professionnalisme dans le secteur. Je me prépare également à écrire un livre, un livre qui traitera de questions érotiques, mais bien sûr, toujours destiné à l’épanouissement de la femme africaine.

TM : Quel est votre message à tous ces jeunes qui rêvent de faire carrière dans le mannequinat et dans la musique ?

ET : J’aimerais leur dire de ne jamais attendre les autres pour œuvrer à l’accomplissement de leurs rêves. Qu’ils ne s’attendent pas ce que les devanciers, déjà célèbres, leur cèdent la place. Il faut qu’ils se battent pour mériter leur place et pour se faire respecter. Je leur souhaite d’avoir un objectif clair et précis dans le cœur et d’investir sans hésiter dans leur carrière. Même s’ils gagnent 10 francs, qu’ils l’utilisent pour se développer.

J’aimerais faire une invitation à ces Jeunes qui me lisent. Je vous invite tous à entrer dans mon monde. Soyez la bienvenue dans l’univers de l’art de Guieka.

 

Interview retranscrite par Yannick DJANHOUN

 

About Yannick DJANHOUN

Yannick DJANHOUN, aussi appelé Mister Colombo, est un Journaliste ivoirien. Actuellement Rédacteur en Chef de Tomorrow Magazine, Yannick est un passionné de la Jeunesse Africaine. Sa plume, il l'a met au service de la promotion du Leadership de celle-ci.

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