Franck GOZE, Nous sommes plus heureux lorsque les autres le sont

Franck GOZE

Sacrifier sa Jeunesse rien que pour rendre les autres heureux, voici une valeur qui tend à disparaître. De grands noms comme Mandela, Gandhi, Lincoln, Luther King, etc. sont devenus ces icônes planétaires auxquelles on s’identifie aujourd’hui, parce qu’ils ont accepté d’abandonner leur confort et de se battre, afin de rendre toute une nation fière. Dans cet article, nous découvrons un Jeune africain qui donne l’exemple. Il aurait pu, avec Fabienne son épouse, vivre paisiblement et profiter des fruits de ses durs labeurs, mais Franck GOZE, a décidé de donner le sourire à des milliers de personnes en Afrique.  

 

Franck GOZE est un grand fan de Tomorrow Magazine. Il n’a eu cesse de le clamer : « C’est l’un de mes magazines favoris. Je m’en inspire beaucoup. » A-t-il déclaré. Il s’abreuve chaque mois dans le mensuel de la Jeunesse Leader, toujours enthousiasmé de découvrir le profil affriolant d’un Jeune Leader africain. Il ne pouvait s’imaginer qu’un jour, il trônerait à son tour à la couverture de ce magazine. Dans la vie tout est possible ! Qui sait ? Un jour vous aussi serez à la une de Tomorrow Magazine pour partager votre parcours et inspirer la Jeunesse africaine.

La séance photo avec Franck GOZE à M’Studio, pour les besoins de la parution, se déroule dans une atmosphère détendue et hilarante. Notre Jeune leader se lâche. Il esquisse quelques pas de danse et c’est Onésime KOFFI le photographe, qui a le mérite de mettre notre muse à l’aise.

Dans une interview qu’il nous a accordée, Franck chante l’histoire de sa vie et raconte la raison de la création de Youth Institution, une organisation qu’il a fondée il y a plus d’un an.

Il voit sa mère dans une posture humiliante et tout part de là…

C’est la commune de Treichville à Abidjan, en 1987, qui voit naître Franck. Les mois qui ont précédé sa naissance ont été un supplice pour sa mère. Elle n’avait que 16 ans lorsqu’elle porte notre Jeune leader dans son sein. le père de celle-ci, conseiller pédagogique dans la ville d’Adzopé, homme strict et austère, n’accepte pas un tel ‘’déshonneur’’. Dans la colère, il chasse Solange sa fille de la maison familiale. Elle se retrouve dans la rue et est heureusement recueillie par un oncle. Quelques mois après, elle met au monde un garçon qu’elle chérit de tout son cœur. Après médiation, le père de Solange l’accepte à nouveau chez lui. Mais les peines de la jeune mère ne sont pas finies. Elle est sujette aux railleries et aux humiliations. Ne supportant pas les moqueries, elle se retrouve très souvent dans la rue et arrête définitivement les cours. Franck ne bénéficie pas suffisamment de la présence de sa maman : « J’étais obligé de chercher à chaque fois ma mère dehors. Je ne savais pas où elle se trouvait, mais je me disais que nous étions dans la même ville. Je n’étais pourtant qu’un gamin. » Nous raconte-t-il l’air triste.

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L’EPP Centre 1, l’école primaire qu’il fréquente ne le voit pas régulièrement assister au cours. Notre garçon prend goût à la vie de la rue. Son père décède lorsqu’il est au CP2. Le seul héritage qu’il a de celui-ci, c’est une petite photo.

Solange sa mère, descendue sur la capitale pour chercher la pitance quotidienne, rencontre l’amour, se marie et devient veuve après seulement cinq mois de vie de couple. C’est d’autant plus difficile que cette dernière porte une grossesse de son défunt époux. Franck voit encore une fois la souffrance et la misère de sa mère. Il est en classe de terminale au collège Adama Sanogo d’Abobo et est soutenu par un oncle. Sa mère devient gérante de cabine et Franck n’hésite pas à y aller souvent pour lui prêter main-forte : « Étant un homme, voir ma mère devenir gérante de cabine téléphonique pendant plusieurs années dans de mauvaises conditions et subir les coups durs de la vie, pour subvenir à nos besoins, avec le peu qu’elle arrivait à avoir chaque jour, n’était pas chose facile pour moi. J’ai alors décidé que je devais absolument me battre pour sortir ma mère de sa situation. » Affirme-t-il. Une scène des plus humiliantes va définitivement booster notre Jeune leader à accomplir de grandes choses. De retour de l’école un midi avec deux amis, Franck passe à proximité de la cabine de sa mère et entend ses compagnons parler d’une dame enceinte dormant la bouche ouverte et visiblement épuisée : « L’un de mes amis me touche et me dit ‘’Franck la vie est difficile. Regarde la dame là-bas. Elle est enceinte, certainement presqu’à terme, elle dort la bouche ouverte et avale toute la poussière drainée par les véhicules qui passent. Elle et son bébé sont exposés.’’ Là, je me rends compte qu’il s’agit de ma mère. Une grande honte me remplit et je n’ai pas le courage de dire à mes amis que cette dame, c’est ma mère. » Le choc est énorme. Quelque temps après, il va rencontrer sa mère à la cabine et lui dit ceci : « Maman, j’ai décidé de rester ici et de gérer ta cabine. Toi, rentre te reposer et occupe-toi de ta grossesse. »

Franck est déterminé à tout donner pour réussir et à essuyer les larmes abondantes et amères de sa mère. Entre la cabine et l’école, il décroche le baccalauréat. Il en est si fier ! Les conditions de sa vie excluaient qu’il arrive à ce niveau. Mais il y est parvenu pour honorer sa maman.

Son épouse, son mentor

Dans la même période, Franck rencontre Fabienne. Il s’éprend d’amour pour elle et elle à son tour, n’est pas du tout insensible devant ce jeune homme frêle qui lui semble tout de même intelligent. Les deux décident de se mettre ensemble. Franck découvre très rapidement que Fabienne n’est pas une femme comme les autres : « Celle qui est aujourd’hui mon épouse m’a dit un jour qu’elle voyait en moi un potentiel énorme, mais que pour le libérer, j’avais absolument besoin d’être encadré spirituellement. Étant très ancrée dans le christianisme, Fabienne m’a conduit petit à petit au goût de la prière et à l’observation de la chasteté. Elle est mon mentor. » Affirme-t-il avec force et fierté.

Franck veut changer d’environnement. Fabienne l’encourage à aller au Ghana pour développer son niveau de la langue anglaise. L’idée est bonne. Sans rien connaitre de ce pays, il y va quand même. Il est accueilli et hébergé par Éric, un ami. Les débuts sont difficiles. Fabienne, déléguée médicale stagiaire, payée à 30 000 FCFA par mois, décide d’aider son copain à hauteur de 15 000 FCFA, soit la moitié de son salaire. Elle le fait pendant un an.

Aussi vite qu’il le pouvait, notre aventurier apprend à améliorer son anglais et décroche çà et là de petits boulots, pour être financièrement autonome. Fabienne émet le désir de rejoindre Franck dans le pays de Kwamé N’KURUMA. Ce dernier la reçoit et l’épouse quelques mois après. Budget de leur mariage : 50 000 FCFA.

Les Jeunes époux décident de rentrer à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Les choses ne sont pas faciles, il nous raconte : « Trouver un emploi en Côte d’Ivoire n’était pas chose facile. Il nous fallait beaucoup de courage à mon épouse et moi pour survivre. J’ai travaillé pour une entreprise qui me payait 1 000 FCFA la journée et il fallait avec ces 20 000 FCFA par mois, payer le studio qui coûtait 40 000 FCFA et penser aux factures. Ensuite, il fallait prendre soin de mon épouse qui attendait notre premier enfant. Cela a été un véritable parcours de combattant, mais je n’ai jamais baissé les bras. » Franck, avec la maîtrise de la langue l’anglais et ses nombreux certificats glanés au Ghana, obtient des postes dans des entreprises, jusqu’à obtenir aujourd’hui une responsabilité d’administrateur dans une multinationale minière. Aujourd’hui père d’une ravissante fille, Franck mène une vie enviable avec son épouse.

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La vie difficile de notre Jeune leader lui donne un cœur empathique. Il sait ce que c’est que vivre dans la difficulté, il ressent la souffrance des parents désœuvrés et la douleur de tous ces Jeunes et enfants qui, par faute de moyens financiers et par manque de formation, ne peuvent connaitre un épanouissement véritable. Franck est encore sensible devant tous ces Jeunes que la vie malmène et qui n’ont pas les ressources mentales et émotionnelles pour se maintenir debout : « Je suis de ceux qui croient que l’avenir d’un pays ou d’un continent dépend de la qualité de sa Jeunesse et que le point de départ du changement, c’est la prise de conscience. Mon concept à moi, c’est la prise de conscience de la Jeunesse par la Jeunesse et maintenant. » Avec Fabienne son épouse, il lance Youth Institution. Tout le sens de son existence, nous dit-il, se retrouve dans cette organisation dont la mission est de donner de l’espoir aux enfants et aux Jeunes d’Afrique.

Youth Institution, donner de l’espoir à la Jeunesse africaine

Youth institution est liée à l’histoire de son fondateur, celle d’un enfant qui a lutté seul, et qui seul a pris ses décisions sans encadrement, sans père. Aujourd’hui, Franck veut encadrer une multitude de Jeunes, les emmener à se réaliser, à être dignes et responsables. Son ambition, c’est aussi d’aider les enfants à avoir une bonne éducation et grandir dans un environnement sain, favorable à leur épanouissement.

Des actions concrètes sont menées par cette organisation qui, aujourd’hui, est implantée dans 10 pays dans le monde, dont 07 en Afrique (Côte d’Ivoire, Ghana, Maroc, Burkina Faso, Niger, Centrafrique, Mali, Canada, France, USA). Appuyé par les actions de 1 000 bénévoles formés et repartis dans ces 10 pays, Franck a le droit d’avoir confiance en la réussite de sa mission : « J’ai la grâce de travailler avec une équipe formidable sans laquelle notre objectif ne serait pas atteint. Une équipe soudée, unie, solidaire, très organisée et par-dessus tout, en laquelle j’ai une totale confiance. Le travail en équipe est notre méthode de travail. » Déclare-t-il avec fierté. Avec son dévouement et celui de ses milliers de collaborateurs, Franck n’a pas attendu une quelconque aide de l’État ou celle d’une institution internationale pour servir sa communauté. Avec leurs fonds propres, les bénévoles de Youth Institution font des dons à des écoles, des hôpitaux, des orphelinats et organisent des formations sur le leadership à l’endroit des Jeunes. Aujourd’hui, ce sont environ 12 728 450 FCFA d’investissement qui ont été dépensés pour la réalisation de tous les projets de l’organisation en Côte d’Ivoire et à l’international, et ce sont plus de 1 700 enfants et Jeunes qui ont bénéficié de ses actions.

Entre autres actions, on peut compter en un an, plus de 16 missions réalisées en Afrique et à l’international, notamment la rénovation d’un hôpital à Zegnedougou au Burkina Faso ; la sensibilisation contre les méfaits de l’immigration clandestine avec les migrants, des conférences sur le changement de mentalités dans les prisons civiles de mineurs, des campagnes de don de sang, des dons de kits scolaires et des accompagnements pour aider à la scolarisation des enfants, des soutiens aux orphelins et aux malades, etc.

Franck GOZE voit loin. Pour Youth Institution, il voit grand. À la question de savoir quelles étaient les perspectives de Youth Institution, voici sa réponse : « Dans l’avenir nous voulons faire de Youth Institution une grande organisation pour l’éducation et le changement de mentalités des Jeunes. Nous rêvons d’un monde meilleur et les -enfants que Youth Institution aide aujourd’hui feront partie des acteurs clés de ce bonheur. » En clair, Youth Institution ambitionne de construire des écoles, des hôpitaux, des orphelinats et aider à une insertion professionnelle de ceux-ci.

Demain Sera Meilleur !

About Yannick DJANHOUN

Yannick DJANHOUN, aussi appelé Mister Colombo, est un Journaliste ivoirien. Actuellement Rédacteur en Chef de Tomorrow Magazine, Yannick est un passionné de la Jeunesse Africaine. Sa plume, il l'a met au service de la promotion du Leadership de celle-ci.

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