De retour du Forum Économique International de Saint Petersburg, Wilfried ADINGRA, entrepreneur ivoirien et Fondateur de Diaspo4Africa, a accepté de répondre à nos questions sur les retombées économiques de sa participation à cette rencontre mondiale.
Tomorrow Magazine : Vous étiez en Russie pour assister au Forum Économique international de Saint Petersburg, qu’est-ce qui vous a motivé à y aller ?
Wilfried ADINGRA : Bonjour Yannick et merci pour l’opportunité qui m’est donnée de partager mon expérience du récent Forum Economique International de Saint Petersburg. En effet, cette rencontre, qui s’est tenue du 2 au 5 juin 2021 en Russie, avait pour unique but de réunir des acteurs majeurs mondiaux économiques et de prise de décision, faisant ainsi de Saint Petersburg la capitale mondiale de la coopération économique. Il s’agissait du plus grand rassemblement mondial post-covid et qui s’est tenu dans des conditions sanitaires sécurisées. Diaspo4Africa dans sa vision d’étendre son réseau de partenaires stratégiques, techniques et financiers est à l’affût des rassemblements mondiaux de ce type. Ce, afin d’attirer le maximum d’opportunités et d’investisseurs dans les différents pays où nous opérons en Afrique.
L’idée de la Russie s’accorde à notre idéal de diversification des acteurs économiques en Afrique. Nous avons, de ce fait, entamé depuis quelques années avec nos partenaires espagnols avec qui nous intervenons déjà au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Tanzanie. Il faut noter que ces nouveaux acteurs sont enclins à prendre plus de risques et représentent une véritable opportunité pour le financement de l’industrie et de l’innovation en Afrique, pendant que les acteurs classiques restent focalisés sur les opportunités économiques de rente.
Diaspo4Africa dispose de 4 programmes majeurs dans sa solution de CrowdEquity qu’est le D4Afund. Deux programmes sont exclusivement destinés aux investissements africains (par la diaspora et par les investisseurs locaux). Les deux autres programmes ont un caractère inclusif, car ils permettent d’attirer parmi nos investisseurs des non-africains tout comme des partenaires publics et privés. Il s’agit du Global Angels for Africa (G4AA) et de l’Albatros Ventures Program (AVP). Ce sont ces deux derniers programmes que nous sommes allés promouvoir au cours de ce forum. Nous en sommes sortis avec une nette volonté de création du cadre de collaboration entre nous et l’Association de Coopération Économique avec les Pays Africains, et aussi le Forum de Partenariat Russie-Afrique, dont nous verrons les effets dans les prochains mois.
TM : Quels étaient les critères pour prendre part à ce Forum Économique International de Saint Petersburg ?
WA : Comme tous les rendez-vous économiques mondiaux du même genre, la participation est ouverte à tout individu ou entité pouvant y trouver son intérêt. La Côte d’Ivoire a été représentée, pour ce que je sais, par la Chambre de Commerce et d’Industrie et bien d’autres acteurs publics et privées. Pour ma part, j’ai pu intégrer la Friends For Leadership (FFL) qui est un réseau de jeunes entrepreneurs et dirigeants de plus 60 pays impliqués dans la promotion de projets économiques et humanitaires, et ce, en plus du programme gouvernemental russe pour les jeunes leaders, dénommé « New Generation » dont nous faisons maintenant partie. Ce sont ces deux programmes qui ont facilité ma participation à cette rencontre de haut niveau qu’est le SPIEF 2021.
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Convaincu des retombées et de l’opportunité que cette plateforme économique représente pour les jeunes entrepreneurs et innovateurs africains, Diaspo4Africa souhaite fédérer de jeunes acteurs locaux comme elle l’a toujours fait, pour les faire en bénéficier. Car nous sommes bien conscients que tous les jeunes entrepreneurs africains avérés ne pourront peut-être pas participer aux prochaines rencontres du SPIEF, mais ne pourront en bénéficier que dans un cadre commun et bien structuré. C’est justement là la mission que nous nous assignons dans cette nouvelle collaboration avec la Russie et ses partenaires.
TM : Cette rencontre a ressemblé plus de 10 000 participants venus de 140 pays et régions du monde, qu’est-ce qui y a été discuté ?
WA : En effet, ce forum a vu la participation de plus de 13 000 femmes et hommes venant de 140 régions et pays du monde. Plus de 1 100 entreprises russes et étrangères ont animé des stands luxurieux pendant 5 jours. Plus de 800 accords bilatéraux, continentaux et intercontinentaux ont été signés, notamment dans les High-Techs, dans le secteur bancaire, des sciences et de l’éducation. Il s’agissait bien là d’un forum économique des plus pratiques, ou les acteurs présents venaient embrasser des opportunités concrètes.
Néanmoins, il s’est agi également de discuter sur des sujets et problématiques économiques d’ordre mondial, régional et interrégional. Ce sont au total 347 sessions thématiques cumulant ainsi 431 heures de discussion. Il faut noter que 147 sessions étaient consacrées exclusivement au programme business du SPIEF 2021. Les thématiques étaient diverses, partant du secteur de la finance, des banques et de l’assurance aux énergies, aux technologies et l’environnement, en passant par la science, la santé et l’éducation. Nous avons fait le tour des sujets les plus importants du monde d’aujourd’hui.
Mais l’une de celles qui nous ont le plus intéressé était la session business Russie-Afrique du 3 juin qui a servi notamment de cadre de réflexion sur le prochain sommet Russie-Afrique 2022 qui se tiendra potentiellement sur le continent. Il a été mis en avant les questions liées à l’alimentation, à l’accès à l’eau potable et à l’éducation, sans oublier de plancher sur le nouveau partenariat économique ainsi que la stratégie et la politique commerciale qui uniront la Russie à l’Afrique.
TM : Vous y avez certainement rencontré d’éventuels partenaires, quels sont les retombés pour votre entreprise et pour la Côte d’Ivoire ?
WA : Nous sommes une société dont les actions ne se limitent pas qu’à la Côte d’Ivoire, mais notre pays étant un acteur économique majeur dans la sous-région pourrait jouer le rôle de locomotive dans ces nouvelles collaborations que nous entamons.
Il faut noter que les bénéfices pour Diaspo4Africa SA se sont fait sentir bien avant notre retour. Nous avons participé à des rencontres B2B où il nous a été directement demandé et sans détour ce dont nous avions besoin pour réaliser notre passage à l’échelle. Cela témoigne clairement de la confiance et de la considération vis-à-vis du travail que nous abattons en tant que jeune leader sur le continent et met en évidence la clairvoyance de la Russie à construire un partenariat durable avec l’Afrique, en s’appuyant également sur sa jeunesse.
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Comme la plupart des jeunes leaders de la FFL, nous avons commencé à structurer nos propositions et sollicitations d’investissement. La nôtre sera présentée en trois phases :
La première concerne un déploiement plus large des services de Diaspo4Africa que sont le D4Afund (notre plateforme de CrowdEquity), le D4Apay (notre solution de transfert d’argent) et D4Aneo (des services bancaires pour nos utilisateurs excluant l’épargne et les prêts).
La deuxième consiste à attirer des investisseurs dans les projets d’envergure que nous avons déjà entamés, notamment dans l’agriculture avec SERRETECH Africa, dans l’immobilier avec EDIFICIUM Africa et dans le négoce avec GLS Africa.
La troisième vise à développer un réseau de business Angels au profit des startups et des PMEs africaines disponibles dans notre pipe-entrepreneurs. À l’image des réseaux d’investisseurs que nous avons mis en place en France, en Espagne, aux Etats-Unis et au Canada.
Nous pensons que cette collaboration pourra générer dans les prochaines années plusieurs millions d’euros en investissements et en revenus. Nous croyons qu’il s’agit d’un nouveau cadre de partenariat plus attractif avec de nouvelles opportunités pour les jeunes.
TM : Après cette aventure, que retenez-vous essentiellement ?
Pour moi qui depuis près de 10 ans participe à des rencontres de haut niveau, j’avoue que cette rencontre m’a particulièrement impressionnée tant par la qualité de l’organisation que par son contenu intense. Maintenant loin de tout préjugé, je pense que la Russie est un partenaire à considérer. Car à travers le SPIEF elle devient incontestablement une plateforme économique mondiale.
Les entrepreneurs africains doivent y voir une opportunité de diversification du portefeuille clients et investisseurs. Nous pouvons aussi l’élargir notre espace commercial dans la région dont la Russie est le leader, à condition que la variabilité des taux de changes soit plus profitable et compétitive pour nos pays.
Pour ma part, je vois en cette plateforme une opportunité d’élargir nos initiatives à de nouveaux acteurs en plus de ceux que nous avons déjà. Les jeunes entrepreneurs pourraient se saisir des politiques de coopérations interafricaines, mais aussi de celles des nouveaux acteurs sur le continent comme la Russie pour s’offrir de nouvelles opportunités et croître.
Interview réalisée par Yannick DJANHOUN